Les présidents ignorants
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"La feria de Saragosse est une des plus importants de la saison espagnole. Mais les deux presidents de la course dans cette arene vieille et pleine d´histoire n´ont aucune sensibilité taurine.
Pendant toute la feria 2009 ils ont accumulé les erreurs graves : nié des oreilles mérités à Talavante et à Perera, n ont pas voulu ordonner le tour de piste pour le toro le plus bravo de la feria, de Bañuelos, n´ont pas voulu accorder deux banderilles courtes de plus au rejoneador Diego Ventura.., mais le pus grave de tout ils ont refusé une deuxième oreille à Manzanares après qu’il ait signé la plus belle, profonde, artistique et réussie faena de la feria et de beaucoup de ferias. Il faut être un ignorant taurin sans limite pour juger de la même façon la faena de El Fandi, vulgaire et à une vitesse stratosphérique, que la merveilleuse prestation de Manzanares. Ce torero, qui déjà à Barcelona, le 26 septembre, nous avait émerveillé avec son art sublime, a été de nouveau à Saragosse le protagoniste d´une faena pour l´histoire, pleine de cadence, rythme, "compás", profondeur, lenteur -"se pararon los relojes", temple, gout exquis...Tout ce que vous voudrais. Et plus. Car l´art c´est l´essence même du toreo. Dix mil spectateurs ont demandé longtemps et avec force les deux oreilles, malgré que l´estocade ne soit pas -c’est exact- "en todo lo alto", mais le président, aveugle et borné, donna une seule oreille. Un scandale. Manzanares a été, bien sur, nommé après grand triomphateur de la feria.
A Saragosse deux présidents président la course : monsieur Bentué et monsieur Manuel Pasamontes. Tous les deux sont policiers et sans doute formidables dans ce metier à risque. Mais comme présidents sont d´une manque de sensibilité et connaisance tellement grave que ne peuvent continuer comme présidents. En Espagne on dirait qu´on est encore dans le temps de la dictature : des policiers-présidents. Et les résultats sont très négatives, inacceptables. Je préfère mille fois la formule française : présidents-aficionados. Au moins connaissent la course et ont une sensibilité taurine que les permet de faire la différence entre un horrible "mantazo" y un natural rempli de temple et d´art, comme celles de Manzanares".
Ricardo Vázquez-Prada.[/b]
Ecrivain et journaliste. Chroniqueur taurin.