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Clemente : un torero clair dans sa tête
Lors de sa soirée du 14 février dernier, le CTJP a reçu le jeune (29 ans) matador de toros Clément DUBECQ « Clemente », Bordelais d’origine mais vivant aujourd’hui principalement en Andalousie et dans le Sud-Est. Comme de coutume, l’ami Miguel Darrieumerlou en a assuré l’interview avec son aisance habituelle.
Notre invité est, si l’on peut dire, « tombé dans le chaudron » très tôt, puisqu’il a grandi au milieu des cassettes et des livres taurins que possédait son père. Il a ensuite découvert la tauromachie « en vrai » lors d’une novillada non piquée à Garlin. Quelques années plus tard, ce fut la découverte d’un bar taurin à Bordeaux. La fréquentation de l’école taurine d’Hagetmau, dirigée par Béatrice Brettes, lui permit de faire une autre découverte, celle de l’Espagne.
Grâce à un lien d’amitié avec la famille Cubero, Clémente combattit sa 1ère novillada sans picador, puis il fit sa présentation en habit de lumière à Garlin face à des erales de Malabat. Après avoir toréé 25 courses non piquées, ce fut la 1ère novillada piquée à Captieux, avec des Vicente Ruiz et, pour compagnons de cartel, Román et Posada de Maravillas.
42 novilladas piquées plus tard, il se sentit prêt pour l’alternative ; celle-ci lui fut conférée en 2016 à Zamora, avec des toros de Sánchez Arjona, le parrain étant Cayetano et le témoin Alberto López Simón. Pendant quelques saisons, il eut Carlos Zuñiga comme apoderado mais, comme ce dernier s’occupait aussi de Morenito de Aranda, il décida de le quitter.
Une seule corrida après cet adoubement à Santoña, sur la côte cantabrique, assortie d’une d’une grosse cornada, la première de sa jeune carrière.
Une corrida en 2017 et en 2018 le bache, le trou. Zéro contrat, pas une seule vache à se mettre dans la muleta. Il travaillera alors avec son oncle charpentier, sans cesser toutefois de s’entrainer au toreo. En 2019 une seule corrida à nouveau, pour sa présentation en France, à Saint Sever, pour garder la flamme allumée, en compagnie de Sébastien Castella et ThomasDufau, toros de Victoriano del Río.
Après la coupure de la temporada 2020 subie par tous, notre invité « revint aux toros » en participant à plusieurs tientas, puis effectua son vrai retour en 2021, alors apodéré par Román Perez, en combattant 8 toros (8 !) chez Charlotte Yonnet. Cette épreuve et surtout cet exploit le remit en vue dans le mundillo.
Suivit la temporada 2022, avec les courses de Gamarde et de Saint Sever dans le Sud-Ouest et trois corridas dans le Sud-Est, chacune d’entre elles ponctuée d’une sortie a hombros. La saison 2023 fut celle de la confrontation avec Daniel Luque, à Arles et à Mont de Marsan, plaza où il fut gravement blessé à la jambe en voulant estoquer son adversaire a recibir ; suivirent les courses de Béziers, Dax et Vieux Boucau. Le démarrage de 2024 fut difficile à Gamarde, Arles et Istres ; suivit un La Quinta tout sauf facile à Mont de Marsan puis deux gros succès à Dax et à Béziers, avec à la clé deux indultos à quelques jours d’intervalle.
Alors, comment se présente 2025 ? Bien sûr, tout n’est pas bouclé ni communiqué. À ce sujet, Clemente nous déclare honnêtement qu’il ne dira pas ce qui, justement, n’a pas encore été publié, car c’est un plaisir pour chaque organisateur de le faire lui-même. Pour le moment, sa temporada débutera en Arles avec Sébastien Castella comme chef de lidia, et suivra la confirmation d’alternative en ouverture de la San Isidro le 9 mai ; au passage, il nous dit avoir été impressionné lors de son 1er paseo (alors de novillero) dans la catedra, tant par le diamètre du ruedo que par la hauteur des tendidos. La fin de saison en France le verra en mano a mano avec Luque pour Toros y Salsa.
Comment se voit-il, avec son toreo vertical ? Il répond rechercher la souplesse, le rythme et, si possible, le temple, souhaitant pratiquer une tauromachie d’inspiration, sans être obsédé par
la liaison entre les passes et plus soucieux de la qualité de celles-ci que de leur quantité. Il nous dit au passage sa grande admiration pour le maestro Antonio Ordoñez.
Quid des entraînements, quotidiens bien sûr ? En Espagne, notre invité s’entraîne seul, et en France avec un confrère français. C’est devant les toros difficiles, ceux qui font peur, que le travail paie car là, l’inspiration ne suffit plus ; parmi ce genre de « clients », il se souvient plus particulièrement d’un Valverde et d’un Victorino Martín.
De quel type sont ses relations avec les toreros espagnols ? Clemente se sent pris au sérieux et respecté par eux. Ainsi, Diego Ventura l’a beaucoup aidé lors de son installation à Sevilla.
Et les souvenirs ? Parmi les meilleurs, c’est celui d’un Victorino Martín, devant lequel il s’est senti a gusto ; a contrario, le plus mauvais consisterait à se sentir en-dessous du toro. Les trois avis reçus l’an dernier à Zaragoza ne font pas partie de ces derniers, car il s’est alors trouvé confronté à une « sorte de vache laitière » de 620 kg parfaitement intoréable.
Une chose que connaissent tous les toreros, la peur. Elle s’installe en général à la sortie du toro puis peut revenir au cours de la faena ; dans ce cas, la technique peut aider … sans plus. La blessure reçue à Santoña lui a au moins montré qu’il avait en lui le courage de revenir dans l’arène.
Voit-il un mauvais signe pour l’avenir de la corrida dans le fait que trois arènes du Sud-Ouest ne donneront pas de course cette année ? Pas forcément, et ce pour les raisons suivantes : le problème financier de La Brède, avec le coût de ses arènes démontables, finira bien par trouver une solution ; de son côté, Éauze a déjà annoncé qu’il y aurait un spectacle, probablement une novillada non piquée ; quant à Vieux Boucau, les années pré-électorales, avec les municipales de 2026, sont souvent sujettes à ce type de manœuvre dont la corrida fait les frais.
Un torero et surtout un homme clair dans sa tête, sincère et parlant à la fois simplement et correctement ce qui, de nos jours, n’est hélas pas si fréquent …
Comme de coutume au Club, après la remise du cadeau d’usage à notre invité, la conversation a pu se prolonger au cours d’un bon repas avec, cette fois, de la daube de toro au menu.
B. DESVIGNES / M. DARRIEUMERLOU
photos : Y. LOUROUSE
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