Madrid, jeudi : Puerta Grande pour Sébastien Castella
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Madrid, jeudi, lleno de no hay billetes :six toros de Garcigrande.
Morante de La Puebla : silence et silence.
Sébastien Castella : une oreille après avis et une oreille après avis.
Alejandro Talavante : silence et sifflets après avis.
Rafaël Cuesta de la cuadrilla de Morante de la Puebla : coup de corne de 25 cm.à la jambe.
Puerta grande pour Sébastien Castella.
Il a ouvert la Puerta Grande, celle de nos rêves et du bonheur, cette porte restée si longtemps fermée. Il a imposé sa loi à deux adversaires incertains, le premier fuyard et qu’il fallait rappeler au combat, le second violent et mal-intentionné qu’il a su consentir.
Il a incarné, hier à Las Ventas, devant un public subjugué -le plus exigeant du monde-, les valeurs toreras : le courage, l’intelligence du combat et l’élégance (la distinction, aurait-dit ma grand-mère), car jamais il ne fut vulgaire ni démagogue.
Il ne nous a pas raconté d’histoires, s’arrimant dès le début de chaque faena, se plaçant des terrains compromis, supportant avec stoïcisme les charges douteuses de ses Garcigrande. Et il a occis d’une grande estocade sont premier toro.
Il a sauvé la vie de F.M. Plaza le péon de Talavante - au sixième- dans un quite miraculeux, suppléant aux carences du chef de lidia absent de bout en bout.
Son toreo est l’incarnation de ce que le public demande désormais : ce courage froid, cette domination autoritaire, cette verticalité impavide, bases d’une adhésion populaire. Et le public a bien raison car la tauromachie moderne ne se justifie que par le courage et le don de soi, c’est ce qui légitime la mort d’un animal. C’est la manifestation de ce courage qui battra en brèche les arguments de nos ennemis, car que peut-on dire face à quelqu’un qui se joue la peau ?
Oui, la corrida est un drame. Oui, la mort plane (pour l’animal comme pour l’homme). Oui, Sébastien, comme José Tomas, se joue la vie. Il est prêt, tout le monde l’a vu hier, à assumer les risques les plus fous et c’est ce qui fait sa force. La prise de risque, la confiance en ses propres moyens dans un monde assisté, en proie au doute, n’est-elle pas admirable ?
Il a laissé à dix coudées ses compagnons de cartel. Morante de la Puebla, icône de papier, le torero des bobos, inexistant une fois encore qui ne s’est fait remarquer qu’en allumant son puro ; Talavante qui n’a été qu’une pâle copie du bitterois, un ersatz... A leur décharge, néanmoins, la médiocrité d’un encierro de Garcigrande sans race.
Il a fait honneur à l’aficion française démontrant le peu de fondement des critiques qui se sont exercés à son égard -nul n’est prophète en son pays, il est vrai.
Pour tout cela, il faut le dire sans langue de bois ni restrictions mentales : Bravo Sébastien, tu as été sensationnel !
Pierre