Supporter la pique !
VIC-FEZENSAC. Dans les sphères tauromachiques, le tercio de piques est de plus en plus critiqué. Le CTV donne son avis
"Jean-Jacques Baylac a évoqué l’importance du tercio de pique
La Fédération des sociétés taurines a inscrit à l’ordre du jour de son congrès : sauver les fondements de la lidia, le tercio de piques. La pique est de plus en plus au centre des débats du monde tauromachique. L’Union des vétérinaires taurins mène une enquête pour établir un état des lieux sur ce sujet. Voici le point de vue du président du club taurin vicois, Jean-Jacques Baylac.
« Sud Ouest ». Quel est le rôle de la pique ?
Jean-Jacques Baylac. La pique a pour but de conditionner la force du toro pour la suite de la lidia, enlever de la capacité physique du toro pour qu’il soit « comestible » au troisième tiers. Malheureusement aujourd’hui, cette force il l’a perdue en entrant dans le ruedo par le système de sélection appliqué par des ganaderos. De plus, à travers cette préparation du toro pour le tercio de muleta, on perçoit le jugement de sa réelle bravoure, son instinct offensif, sa vraie noblesse, son fond de caste, ce qui doit justement permettre au ganadero d’orienter ses sélections. Les dérives actuelles font que le toro arrive présélectionné pour servir au troisième tercio, il n’est donc plus nécessaire de le piquer, le premier tiers est éludé. Pour moi, il faut d’abord un toro combattant, c’est le fondement. Si on ne défend pas ce type de toro, on va mettre la corrida en danger. Il faut justement élever un toro capable de supporter l’action de la pique.
Dans les débats, on avance l’argument que le tercio de pique diminue le toro au point de le rendre inapte à la muleta, qu’en pensez -vous ?
Il faut régler, doser ce châtiment, il faut une pique bien donnée qui ne soit pas invalidante. Aujourd’hui, le piquero s’acharne sur une seule pique mais « assassine » le plus souvent portée en carioca, et de plus sur un toro qui d’entrée n’est pas capable de supporter cela.
Des arènes modifient le fer des piques, seriez-vous prêt à les suivre ?
En premier lieu, il faut modifier la perception que le public a de ce tercio, en lui redonnant toute son importance comme en corrida-concours. Il n’est pas question de réduire le fer de la pique pour réduire le tercio. Au contraire, on pourra donner les deux rencontres réglementaires, car aujourd’hui la deuxième charge est une simulation. Pour moi, c’est un faux débat, et je ne comprends pas l’attitude des ultras qui sont contre cette modification, mais l’essentiel est de sélectionner un toro complet, puissant, brave, agressif et qu’on mettra en condition pour bien servir à la muleta.
Au cours de cette temporada de nombreux toros ont été indultés et le tercio de pique avait consisté en un simulacre, va-t-on ainsi conserver un semental pour générer des toros combattants ?
La pantalonnade de ce genre de grâce souligne la recherche de la sélection du toro servile. Les toros fondamentalement braves, qui peuvent transmettre ces facteurs d’agressivité offensive, on n’en parle jamais pour les indulter. Des toreritos cherchent à indulter des toros serviles pour collecter les trophées avec détournement de l’estocade, on n’a même pas eu ce test de la mort pour savoir s’il était brave. Des corridas ont été « sauvées » par un indulto alors que le lot de toros n’était pas dans les normes et les critères qu’on doit atteindre de toros de combat.
L’apparition de cuadra différente pourra-t-elle apporter une modification au tercio de piques ?
C’est une cuadra française, celle de Bonijol qui a donné une nouveauté au tercio avec des chevaux plus légers, plus mobiles. Au club taurin vicois on ne dérogera pas de notre ligne de conduite pour une corrida éthiquable. On va essayer de travailler la vague de fond des aficionados en espérant qu’ils seront avec nous pour défendre l’éthique de nos spectacles taurins".
Article paru dans Sud-Ouest (Pierre Dupouy), transmis par notre ami Auguste Oller (co-pdt du CTV)