Jean-Louis Haurat, revistero de goût(s)
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C’est dans une ambiance enjouée que le Club Taurin Joseph Peyré recevait Jean-Louis Haurat, un personnage à la vie aux multiples facettes pour laquelle une soirée ne suffit pas.
L’amitié qui le lie à l’animateur exclusif des débats du CTJP - Don Miguel Darrieumerlou - date de plus de cinquante ans, l’époque où tous les deux faisaient la course aux autographes des toreros logés au Grand Hôtel de Bayonne.
Rappelant son ascendance béarnaise, du côté de Moumour, Jean-Louis Haurat ne reconnaît aucun antécédent taurin chez ses parents mais ses grands-parents avaient la chance de posséder une maison située en face des arènes de Bayonne, c’est là que s’est certainement forgée son afición qu’une voisine postière, vers 1956-1957, a accentuée en l’emmenant aux arènes. Le soir même, le jeune Jean-Louis dessinait des passes chez ses parents.
Craignant les mœurs libertaires anglaises, sa famille décide d’envoyer Jean-Louis en séjour linguistique en Espagne - Valladolid - où il arrive à l’âge de 12 ans dans une famille où l’un des sept frères appartient à la Phalange (organisation politique espagnole nationaliste d’obédience fascisante). Les débuts sont plutôt rudes mais il lui permettent d’assister lors des célébrations son premier 18 juillet (coup d’État militaire dirigé par Franco contre le gouvernement de la Seconde République espagnole) à un festival à Cigales. L’occasion de se mettre devant un utrero et de faire quelques passes avec avec une muleta faite d’un sac de patates ! Et aussi de faire un « vol plané » en essayant de se glisser hors de la piste, un spectateur l’en empêchant avec son bâton !
1968, changement de famille : le père est aficionado et emmène Jean-Louis aux novilladas sans picadors estivales. Il y fait la connaissance de Roberto Domínguez avec qui il est intimement lié, ce dernier étant le parrain de son fils.
R. Domínguez est un torero brillant, flamenco, ne prenant pas son métier trop à cœur. C’est un torero « artiste » qui a pris son alternative en 1972 avec un bagage restreint (20 novilladas SP et une dizaine avec picadors). Après une première partie de carrière avec quelques coups d’éclat, même s’il tuait mal, il prend une année sabbatique en Grande Bretagne suite à un accident de la route. Sa carrière est relancée par M. Lozano avec des succès à Madrid, Valladolid où il rivalise avec Espartaco. 1989-1990 le situent à 130 corridas !
Après sa carrière de torero, il devient commentateur TV, apoderado du Juli...
1971, l’année de la rencontre de Jean-Louis avec Carlos Zúñiga père, ancien torero, apoderado (Roberto Domínguez, Padilla, Uceda Leal, Morenito de Aranda,Pascual Mezquita) et empresario de nombreuses arènes. L’amitié entres les deux hommes perdure encore aujourd’hui.
Cette même année, Jean-Louis, aficionado práctico fait la connaissance à la Faculté de Droit de Pau, d’André Viard qui organise des capéas à Vieux Boucau. Il rencontre également les toreros du cru qu’étaient Vincent Bourg « Zocato », Vincent Molas (le père de J-B. Molas), H. Touya...
C‘est l’époque à laquelle Jean-Louis affronte le bétail rude de Jean-Charles Pussacq, éleveur de vaches « landaises », des vaches souvent de retienta (qui ne sont pas « neuves »).
Mais le Jean-Louis que nous connaissons est revistero, chroniqueur taurin. C’est Pierre Arnouil, correspondant de la revue Toros et « chaperon » des toreros français à Madrid qui lui permet d’intégrer la revue Corrida. Le fait de parler espagnol couramment lui permet de devenir rapidement correspondant pour le Diario 16, Toros, Radio Cinco, et Aplausos où il rédige les reseñas pour la France depuis maintenant quatorze ans. Jean-Louis a également une autre spécialité... les bodegas et surtout celles de la région Ribera del Duero.
Qui en font un homme de goût(s) !
La soirée a été l’occasion de connaître aussi son admiration pour les toreros comme Daniel Luque dont il souligne la volonté de réussir depuis quatre ans.
En 2020, celui-ci a confié sa carrière à Carlos Zúñiga Fils. Torero complet, et excellent lidiador, son calme et sa tauromachie tout en douceur lui permettent exercer son pouvoir sur les taureaux. Il sera souvent présent dans le Sud-Ouest, notamment à Dax le 14 août, seul face à six Pedraza de Yeltes chez qui il avait tienté la veille (13 février) de la soirée du CTJP .
Comme il est de coutume, et après la remise de quelques « gâteries porcines » à notre invité, la soirée s’est poursuivie autour d’un repas aux saveurs taurines.
Texte & photos : CTJP