Alberto LAMELAS : torero de respect
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Cette soirée a permis au CTJP de recevoir Alberto LAMELAS, matador, Andalou de Madrid et bien connu des aficionados du Sud-Ouest, accompagné de son péón Pepe PRESTEL. Comme de coutume, l’ami Miguel DARRIEUMERLOU a assuré avec brio l’animation de cette tarde, et bien sûr la traduction des propos de notre invité.
En plus des socios du CTJP, nous avons eu le plaisir d’accueillir huit membres de la Peña Alberto Lamelas de Mont de Marsan. Pour débuter la soirée, le Président Michel CAPIN et son épouse Josiane nous ont raconté l’origine de leur peña. La prise de contact avec le torero s’est faite lors d’une soirée à Las Ventas en compagnie de membres du Club Taurin de Bruxelles, à la suite de quoi Alberto est venu deux années de suite toréer à Aignan, puis à Mont de Marsan avec des Miuras La décision de créer la Peña Alberto Lamelas fut prise à la suite d’un brindis de ce dernier à « sa » peña lors d’une corrida à Saint Martin de Crau ; la peña compte aujourd’hui 150 socios.
Le torero nous fait ensuite l’honneur de commencer sa présentation par quelques mots de français, son épouse enseignant notre belle langue. Né près de Jaen dans une famille non aficionada, vers 14 ans, il vit des revues taurines chez une cousine, laquelle l’emmena voir quelques corridas dans la région. C’est ainsi que le gusanillo le « contamina », et il décida de suivre les cours de l’école taurine d’Albacete sous la houlette du matador Sebastián Cortes. Après deux saisons de novilladas non piquées, il passa à l’échelon supérieur et commença en novillada piquée dans sa région de Jaen, puis à Séville et à Madrid.
Son 1er paseo en France eut lieu en 2006 à Rieumes, et 2007 le vit toréer 9 novilladas dans notre pays. Vint ensuite l’alternative, prise à Valdemoro, près de Madrid, devant des toros d’Arauz de Robles avec Javier Valverde comme parrain ; sa venue à Orthez avec des Dolores Aguirre lui permit de se faire remarquer. La confirmation d’alternative se fit en 2013 à Madrid devant des Montalvo, élevage quelque peu plus « comestible » que ceux qu’il a l’habitude de combattre. 2014 fut entre autres l’année où, le lundi de Pentecôte à Vic, il se montra héroïque face à Cantinillo, encore de Dolorés Aguirre, manso con casta de presque 6 ans et d’une férocité qui aurait fait « plier bagage » à beaucoup. Quand il prit la muleta, le public lui demanda de tuer son adversaire de suite, mais Alberto tint à réaliser une faena ; il reconnaît qu’il arriva « vidé » à l’estocade, et que ce toro est celui qui l’a le plus impressionné de sa carrière. Et depuis 2017, il revient chaque année à Vic.
Un autre élevage important pour notre invité est celui de Pedraza de Yeltes, qu’il a déjà combattu à quatre reprises à Mont de Marsan ; la 1ère année, c’est le trapío de ces toros qui l’a impressionné. À noter qu’il sera de nouveau au Moun le 24 juillet prochain. Au passage, il nous confie que si, à l’occasion, même une seule fois, il pouvait toréer des Nuñez del Cuvillo … !
Le torero est aujourd’hui sur un rythme annuel d’environ dix corridas. Il s’entraîne de façon classique avec course à pied, toreo de salon, toreo avec le carretón, assez souvent avec le maestro récemment retiré Domingo Lopez Chaves, qui est un ami.
Et la France dans tout cela ? Pour Alberto, l’afición française se distingue de l’afición espagnole en cela qu’elle valorise plus ce qui se passe en piste, en particulier quand c’est devant des toros de respect. Côté organisateurs, peut-être les Français oublient-ils moins vite que leurs confrères espagnols quelqu’un qui a eu du succès chez eux ; en Espagne, il est de plus fréquent qu’un organisateur dise à un matador, même s’il a été bien dans ses arènes « Tu comprends, tu es déjà venu chez nous l’année dernière et celle d’avant, donc je ne peux pas te reprendre cette année ! ». Depuis quelques années, un autre paramètre vient compliquer les choses pour les « non figuras » : c’est le fait que les cartels sont bouclés très tôt dans la temporada alors qu’avant, on attendait les résultats de Valencia, puis ceux de Sevilla, puis ceux de Madrid pour terminer la composition des cartels des ferias de l’été et l’automne. Et pour arranger les choses, les figuras préfèrent toréer entre elles et n’hésitent pas à « squatter » les petites arènes, ne laissant que les miettes aux plus modestes..
Comme de coutume au Club, après la remise du cadeau d’usage à notre invité, la conversation a pu se prolonger au cours d’un repas apprécié de tous.
Une belle soirée de plus, avec un homme sympathique que nous reverrons avec plaisir dans nos ruedos.
Bernerd DESVIGNES
photos : CTJP