L’INDULTO AU TEMPLE DE L’AMITIE
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Nous n’allons pas ici déflorer le débat sur la grâce du toro. Un débat qui agite le mundillo et provoque des réactions souvent violentes et par conséquent excessives. Peut-on, entre aficionados, parler ? Avoir des points de vue différends, sans être taxé de naïf, vendu ou partisan d’une soit-disant "épuration" ?
Ceux qui nient que la corrida soit menacée dans son existence même -cf. blogs- nient la réalité. Elle va nous péter à la figure dans quelques semaines avec l’interdiction catalane qui nous pend au nez. Le processus d’abolition est initié en Galice et aux Asturies et il le sera, si rien ne bouge, en toute logique, rapidement en France.
Nous sommes, nous les aficionados, une cohorte isolée, vieillissante et divisée, plus préoccupée de nos combats internes que d’affronter l’ennemi. Dans cette guerre des idées, nos armes sont obsolètes. Il faut le redire : le mouvement animaliste est puissant ; s’appuyant sur des moyens illimités il est dirigé par des lobbiyistes habiles et il bénéficie, tous les sondages le montrent, d’une large sympathie dans la population européenne.
Réduire le nombre de corridas, serait la solution miracle ? C’est en réalité une vieille lune du Milieu, ressortie régulièrement depuis des années. Ce serait diminuer encore le nombre d’aficionados : la politique du réduit. Avec la crise, le nombre de corridas a baissé d’une manière drastique cette année : est-ce que cela a provoqué un sursaut dans l’opinion ? Au contraire... Il est vrai que le respect de l’éthique du combat et de l’intégrité du toro est nécessaire plus que jamais, même dans les spectacles dits mineurs.
Et la grâce du toro ? Elle a toujours existé. Je me souviens de celle de "Pregonero" (Cebada Gago) lors d’une corrida concours en 1982 à Jerez, dans un enthousiasme délirant. Plus récemment, celle d’"Idéalista" de Fuente Ymbro à Garlin avait fait la une de la "République"- et les gens m’arrêtaient dans la rue pour partager ce bonheur. Jamais en 30 ans de journalisme je n’ai vu un de mes articles autant commenté. Mesurons nous l’ampleur de la pétition du public lors de l’indulto de "Desgarbado" ? Et nous avons été témoin de la demande unanime des tendidos de Quito pour les deux indultos de la récente féria. Ce sont des faits. Ils sont incontestables.
Toute pratique artistique évolue et, en dernière analyse, c’est le public qui sanctionne -dans un sens ou dans un autre- cette évolution. Au Club taurin Palois Joseph Peyré nous pensons qu’il faut gagner un large public à la tauromachie, discuter dans le respect de l’autre, montrer le visage positif de la famille taurine. Dans cet esprit nous débattrons le 15 janvier de l’Indulto à la bodega de Meillon, temple de l’amitié.
Pierre Vidal
Inscriptions sur le site ou au 05 59 82 05 74 ou roger.chague@wanadoo.fr