CORRIDAS EMOTIONS UN LIVRE DE CH. GABANON
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Les livres sur la corrida fleurissent, c’est dire s’il y a un public pour la tauromachie pourtant vouée aux gémonies par quelques irréductibles ou enterrée vivante par d’autres. « Corrida Emotions » de Christian Gabanon pour Timée-Editions est le second volet, après « Corrida Regards » d’un travail de photographe destiné au grand public et centré essentiellement sur la figure du matador.
La photo de couverture -on la retrouve sur deux pages au centre de l’ouvrage- est consacrée à un « pecho » spectaculaire de Mehdi Savalli dans les arènes de Nîmes. Le jeune homme vêtu de rouge, serein, dompte le monstre qui tente de se retourner et se lance à l’assaut, pattes en avant. On aimera aussi ces photos de Mehdi en costume goyesque, blanc orné de noir, une chicuelina serrée notamment capturée dans les arènes arlésiennes. Bonne route Mehdi qui a déjà fait un sacré bout de chemin cette année.
Sur une double page aussi, la « gueule d’ange » de Cayetano Ordonez lors d’une passe de poitrine sous les yeux de son mentor Curro Vasquez pise dans le cirque Nîmois. Vous l’aimerez comme l’aime le public espagnol ce bon torero jamais encore programmé dans le sud-ouest -on ne sait sous quel prétexte. Plus loin, la « manoletina » donnée le regard halluciné tourné vers le public caractérise bien la tauromachie hétérodoxe d’Antonio Ferrera et vaut mieux que tout long discours sur son compte. Les facéties de Juan José Padilla à genoux, gilet ouvert, face au toro en disent long elles aussi sur le cyclone de Jerez, quelque peu usé aujourd’hui. On retrouve aussi César Rincon pour un « adios », la rose à la main il a tant apporté le petit colombien débarqué en Europe avec son courage pour tout bagage.
Et le geste martial de Sébastien Castella appelant le toro du centre de la piste, pour une de ces fameuses « changées » qui font frissonner ; la beauté d’une « aidée par le bas » de Fernando Cruz ; le visage douloureux de Lopez-Chaves qui passe sa vie de torero à se coltiner ceux que les autres ne veulent pas ; la gravité de Denis Loré qui nous quitte lui aussi cette année. Enfin la plus belle : Christina Sanchez domptant un animal blanc tâché de noir ; car si la femme est l’avenir de l’homme elle l’est aussi de la corrida, un monde qui devra bien évoluer dans ce domaine là aussi.
Pierre
« Corrida Emotions » de Christian Gabanon, texte de François-Xavier Gauroy.