A. A. : Arzacq Analyse
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Tout le monde ayant salué la qualité de l’organisation, entièrement à la charge de bénévoles, malgré des détails à améliorer, passons à l’analyse de ce festival d’Arzacq qui, on peut le dire sans vanité, aura lancé avec brio la temporada dans le sud-ouest et aura permis aux arènes du Soubestre d’exister sur la carte taurine.
De la tienta matinale on aura retenu le bon comportement de deux vaches des frères Bats la première et surtout la troisième qui, après être allée au cheval à trois reprises, a franchement mis la tête et a duré longtemps. Elles ont ainsi permis aux jeunes apprentis toreros de s’exprimer. Une révélation : Cristo Juanez, un jeune élève de Joël Matray, qui a déjà de l’allure mais surtout de la personnalité et de la classe et qui a proposé de longues séquences très templées avec une élégance innée, remarquée par le public. Il n’a pas fait le voyage pour rien...
L’après-midi : incidents, émotion et bonheur. Ces trois mots résument la réalité de la tauromachie, non ? Et bien on peut dire que c’est ce que nous avons vécu sur le sable d’Arzacq. Restons modeste, mais on peut dire que ce fut un spectacle complet, sérieux et qui est allé de menos à mas.
La note sérieuse ce sont les toros de Pierre Marie Meynadier qui l’ont donné. Les quatre ont été applaudis à leur sortie. Leur présentation dans un ruedo de cette taille a impressionné. Dommage que le premier se soit tué sur le burladero, il avait fait une sortie spectaculaire. Nous avions prévu un sobrero (Bats), cas unique dans un festival, il s’avéra très difficile. Les trois autres Meynadier ont pris chacun deux piques solides. Violents dans leurs charges, ils ont imposé des lidias viriles et en définitive ils ont permis de couper deux oreilles de poids. Les deux novillos de Pagès-Mailhan avaient plus de douceur. Le premier (sorti en quatrième), morceau de choix pour le torero, avait une grande noblesse. Aucun toro n’est tombé.
Francisco Marco eut le double malheur de voir son toro se tuer au pied du burladero, ce toro de Bats l’envoyant par la suite à l’infirmerie... Il était pourtant motivé.
Julien Lescarret sua sang et eau avec le Bats qui n’était pas un cadeau. Ce n’était pas une mise en jambe sympathique. Le suivant, compliqué, qui coupait ses charges, lui demanda beaucoup. Il sut le canaliser par moment, sans se démonter, mais le tua mal. Mala suerte pour lui aussi...
Fernando Cruz hérita du meilleur Meynadier (ca n’était pas un ange non plus). Il convenait au madrilène qui imposa sa lidia sévère et un poil austère. Nous étions dans le combat du toro-toro, ca n’était pas de plaisanterie et Cruz, à l’ancienne, résolut le problème. Belle estocade et oreille de poids.
Antonio Jao Ferreira disposé à triompher débuta sur une note majeure à la cape, pieds joints, dans le rythme du toro. Excellente séquence. Il fit monter l’ambiance aux banderilles. Le toro se décomposant, sa faena
baissa d’un ton. Il le tua au second voyage d’une belle épée. Une récompense pour l’ensemble de son travail. Il mérite d’être revu.
Thomas Dufau toucha le meilleur de l’après-midi. Il fut largement à sa hauteur. Les passes et les banderilles al limon avec son copain Mathieu mirent le feu aux arènes. Mais la suite fut à la hauteur de l’opposant : ce fut une faena bien centrée, appliquée, sans obliger le toro et bien conclue à l’acier. On voit que le jeune homme aime les choses bien faites. 2 oreilles.
Mathieu Guillon sait se gagner les faveurs du public. En plus du bagage il possède un charisme inné et ce brin de fantaisie qui lui permet de gagner les coeurs. Il s’accrocha face à un Pagès Mailhan plus âpre que le précédent, avec la "racha" du novillero qui veut triompher. Soutenu par le public il coupa lui aussi deux oreilles après avoir tué en deux temps.
Pierre
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