Fiesta campera de Rion des Landes

Samedi soir :
La conférence débat, sous forme d’interview, fut un succès d’affluence. Les deux mayorals, Jean Luc et Sébastien, se livrèrent de bonne grâce et avec humour au feu croisé des questions de l’assistance venue nombreuse dans la salle des fêtes de Rion. Jean Luc Courriol (mayoral de Jalabert) et Sébastien Granier(mayoral de Meynadier) nous firent ainsi oublier l’absence de J.L. Darré qui s’était fait excuser. Jean-Baptiste Jalabert fit applaudir par l’assistance le remarquable travail accompli par ces hommes de l’ombre que sont les mayorals, mis en lumière seulement les jours de triomphe dans les arènes.
Dimanche matin :
Six novillos de Sepulveda(2), JL Darré, PM Meynadier, Cyril Colombeau, Jalabert.
Pour André Viard, Juan Bautista, Julien Lescarret, Mehdi Savalli, Marco Leal, Mathieu Guillon et Mario Guirao qui se partagèrent le dernier novillo de Jalabert.
Temps froid, pluie fine incessante, belle entrée, environ 1 000 personnes.
André Viard reçut, et ce ne fut pas un cadeau, le premier novillo de Sepulveda, lourd, charpenté qui se décomposa et devint dangereux au fil d’une faena commencée avec élégance et temple par un André Viard toujours soucieux du beau geste. Le toro allant à menos et cherchant un peu les jambes, s’arrêtant bizarrement dans ses charges, le torero décida d’abréger d’une épée vite efficace dans le rincon d’Ordonez.
Aplausos.
Le second exemplaire de Sepulveda, encore plus sérieux dans sa présentation, cornes en broches, échut à Juan Bautista qui le reçut au capote avec un sens esthétique et une détermination qu’on voit peu en festival. Ce sérieux, cette douceur classique furent la marque de toute la faena, émaillée de gestes d’un classicisme profond et sans jamais la moindre trace de clins d’oeil au public. Une bonne épée qui, pour n’avoir pas été d’effet immédiat, décida le matador à prendre le descabello. Le toro s’écroula à la seconde même.
Une oreille,
Sortit ensuite le bison au frontal bouclé que Jean Louis Darré avait envoyé à Rion. L’éleveur, présent au callejon, ne quitta pas son toro des yeux, ni Julien Lescarret qui lidia cet animal dur, violent et noble à la fois, volontaire, manifestement intéressé par ce novillo qui allait à mas, Julien s’arrima et tua d’une entière.
Très applaudi. Deux oreilles.
Ensuite sortit le beau castano de PM Meynadier pour Mehdi Savalli. Réception par trois largas de rodillas, belles naturelles au capote, toujours avec cet enthousiasme juvénile qui est la marque de ce torero. Au moins ne peut-on pas lui reprocher de ne pas se livrer. Il demanda à piquer son toro, ce qu’il fit honnêtement et surtout il fit démarrer, deux fois sur les trois, le novillo de très loin qui vint et prit ses trois piques, peu appuyées certes, mais le tercio existait et fut accompli avec envie par l’arlésien.
Aux banderilles, partagées avec son companero Marco Leal, la troisième paire fut partagée et posée al violin, un bâtonnet chacun.
Faena volontaire et qui s’étira un peu en longueur, Mehdi cherchant l’émotion, faillit la trouver en se faisant soulever et ouvrir le pantalon en des régions qu’on préfère garder secrètes en général.. pas de mal et estocade rapide et en place.
Deux oreilles.
Le novillo de Colombeau doit-il le peu de souvenirs qu’il m’a laissé, à sa propre nature ou à la faena que tenta de lui appliquer Marco Leal ? Je ne sais mais ce fut appliqué, décousu, sans transmission, les banderilles encore une fois partagées avec Mehdi. Epée contraire puis entière fulminante.
Deux oreilles.
Le dernier novillo, plus léger, très vif de Jalabert déboula en piste pour les deux protégés de Richard Millian. Belle entame à la cape, al alimon. Puis, par deux ou trois séries à la fois, les deux novilleros se succédèrent pour un toreo de profil, fin et élégant pour Guillon, de profil encore pour Guirao mais qui chercha la difficulté en demandant trois circulaires dans le dos à son adversaire qui n’en voulait que deux ! Il se mit à la faute et roula au sol, recevant une correction que la jeunesse du toro rendit supportable mais les courbatures sont aussi une façon de faire rentrer le métier.
Belle épée de Guirao, une oreille chacun.
La fête fut belle. Pas une seconde d’ennui dans cette matinée variée, joyeuse et vibrante grâce à l’engagement personnel de tous les toreros présents.
Signalons les poses de banderilles d’El Chano, remercions aussi les toreros de n’avoir à aucun moment mis sur le compte d’une glissade possible les faiblesses de tel ou tel geste. En effet, la piste était une patinoire et si les hommes restèrent debout , les bêtes quant à elles, sur un retournement trop brusque pour suivre une muleta trop autoritaire, se retrouvèrent sur le flanc ; et ce n’était pas seulement par faiblesse de pattes !
Public ravi.
Jean-François }