UN PEU DE SOLEIL DANS L’EAU FROIDE
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Les toreros, et pas n’importe lesquels : Juli, Tomas, Cayetano, Perera affiliés au syndicat T’Aura, viennent d’annoncer qu’ils ne mettraient plus les pieds dans les arènes du Pays Basque si le nouveau règlement taurin adopté au Pays Basque restait en l’état.
Ce règlement vient d’être adopté il y a quelques jours provoquant des controverses en Espagne, sans qu’en France on s’en émeuve vraiment. Elaboré sans prendre l’avis des toreros, il interdit, notamment, aux moins de seize ans d’aller aux corridas non accompagnés d’un adulte. Mesure liberticide, qui mine l’avenir de la corrida et qui la range au niveau d’un spectacle comparable au porno. Le dosage des piques reviendra désormais entièrement aux présidents -dont on connaît la dureté au Pays Basque- et l’attribution des chevaux de picadors se fera par tirage au sort au lieu de l’ancienneté ; les cavaliers ne pouvant plus récuser leurs montures. Sous couvert de modernisation, c’est un règlement réactionnaire qui tourne le dos à l’évolution de la corrida et à celle d’une société où les acteurs ont plus de responsabilités.
C’est l’honneur des toreros de relever le gant ; de réagir en refusant d’être méprisés dans leur fonction ; de se préoccuper de l’avenir de leur art. T’ Auri qui a toujours été en pointe sous l’impulsion du Juli serait rejoint dans cette action par l’autre syndicat qui regroupe des toreros plus modérés comme Ponce, J.M. Manzanares ou Le Cid.
Cette attaque contre les fondements de la tauromachie est à mettre en relation avec celle des Catalans radicaux qui tentent une nouvelle initiative populaire pour interdire la corrida sur leurs terres (l’Espagne pourtant, jusqu’à nouvel ordre). Le fait nouveau c’est que ce sont les toreros eux-mêmes qui prennent les choses en main et qui désormais disent non à ce travail de sape. C’est un peu de soleil dans l’eau froide.
P.V.