L’autre face de Janus
par
On l’appelle Juan Bautista, on l’appelle Jean-Baptiste. Il est parfois moyen, d’autre fois excellent.Deux visages, donc..Dimanche matin, il, Juan Bautista ou Jean-Baptiste, fut excellent devant son deuxième taureau.
Dans ces corridas du matin , la lumière qui tombe à la verticale donne curieusement une épaisseur et un relief aux matériaux de l’arène.Le sable et la pierre monstrueuse y semblent plus denses que l’après-midi.Les gradins sont moins habillés, même si, en haut de l’amphithéâtre, quelques silhouettes,se détachent, solitaires gardiens du temple.
C’est dans cette ambiance dépouillée, dans une lumière bleue, que Juan Bautista, inspiré nous offrit un pur moment de bonheur.Son taureau, qui fit valser l’étrier an nez du pîcador ne semblait pas a priori un collaborateur engageant.Juan Bautista, décidé mais avec calme, sans cet excès de nerfs qu’adoptent certains toreros, entreprit de soumettre de belle manière son adversaire. De cette manière classique, c’est à dire s’il me faut la définir, sans torsion excessive du corps, sans abus de desplante, sans lever ou baisser trop le bras, sans variation démesurée des distances. Le taureau se rendit en quelque sorte aux directives du maître qui, entre trincheras et remates, donna une ligne claire à cette oeuvre équilibrée.Un bel encuentro, qui avait le mérite de ne pas être hasardeux comme un recibir et plus original qu’un volapîé( et qui permettait de montrer la qualité ultime de charge du taureau) fut le paraphe idéal de cette grande faena.
Nadège Vidal