Alain LARTIGUE : le choix de la passion

dimanche 12 février 2023
par  C.T.J.P.

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La soirée du 3 février a permis au CTJP de recevoir Alain LARTIGUE, organisateur de spectacles taurins (mais pas seulement, on le verra par la suite). L’entretien avec notre invité a, comme de coutume, été conduit avec brio par l’ami Miguel DARRIEUMERLOU.

Alain Lartigue est né à la fois près du trinquet, dont son père tenait le restaurant, et près des arènes de Bayonne, où il a vu sa 1ère novillada (avec son père quand même) âgé de 16 jours ! Plus tard, il fait des études de Droit et devient avocat, avec deux passions, la pelote d’une part, le toro et le campo d’autre part. À 42 ans, après avoir été durant deux ans Bâtonnier du Barreau de Bayonne, il voit sa vie arriver à une bifurcation, avec un choix à faire ; c’est ainsi qu’il fera le choix de la passion (le toro) et non celui de la raison (le Droit), « sans s’attendre à ce qui l’attendait ».
Il démissionne donc du Barreau et crée sa 1ère société en Espagne avec un ami par ailleurs président du Tribunal de Bayonne, l’objet de la société consistant à organiser des spectacles taurins. Il monte sa 1ère novillada à Magescq en 1989, enregistrant 86 entrées payantes ; le produit de la vente de son cabinet d’avocat servira à colmater la brèche (financière). Cette mésaventure a au moins le mérite de lui faire comprendre la réalité du métier qu’il a choisi et, sur ces entrefaites, il devient ami avec Ginés Carthagena. Les chevaux de ce dernier sont victimes de l’épidémie de peste équine qui sévit alors, et c’est Luc Jalabert, rejoneador lui-même, qui lui prêtera ses chevaux pour qu’il puisse continuer à toréer. Reconnaissant, le torero dit à Alain et à Luc « Je veux que vous soyez mes apoderados » ; de 1993 à 1995, il sera en tête de l’escalafón avant qu’un accident de voiture mette fin à sa carrière et à sa vie. Cette collaboration fructueuse a permis aux deux apoderados d’acquérir une visibilité certaine dans le milieu taurin.

En 1996, Alain et Luc succèdent à Hubert Yonnet dans la gestion des arènes d’Arles ce qui, ajouté à la gestion des carrières d’Andy Carthagena et d’Antonio Ferrera, leur donne une bonne place au sein du mundillo. Vient la collaboration avec Joselito Adame, que notre invité apprécie en tant que torero, mais avant tout en tant qu’homme. Il prend ensuite la gestion des arènes de Parentis en Born, Roquefort, Soustons, Eauze, Mimizan, … Pour lui, le moment de vérité -et de paix- dans son métier consiste à arriver au campo et à contempler les toros dans le silence.
En parallèle de sa vie taurine, en 1992, Alain Lartigue a tenu un restaurant à Bayonne, ce qui lui a donné l’idée d’en ouvrir un autre … à l’Exposition universelle de Séville et, comme cela a bien marché, il en a monté un autre à la sortie de Séville, avec le même succès. Hélas, tout cela s’est arrêté avec la fin de l’Exposition. Polifacético, notre homme a aussi été international de pelote basque, ce qui lui a permis de connaître le Mexique et en particulier Acapulco.

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Il nous parle ensuite des différentes façons d’exercer son métier d’empresa. Ainsi, pour Arles, il est l’associé de Jean-Baptiste Jalabert et de Lola, la sœur de celui-ci ; ils gèrent l’arène comme des commerçants gèrent leur affaire. À Vic et à Bayonne, il a une fonction de mandataire et est rémunéré en tant que tel, a priori donc indépendamment du résultat financier des spectacles. Pour Bayonne, il n’a pas souhaité renouveler son mandat, car celui-ci courait sur une période de trois ans, et il officie avec le titre d’« assistant maître d’ouvrage » ce qui, dans les faits, signifie conseiller technique. De même, pour Arles, il arrêtera sa collaboration après la Feria du Riz de cet automne.
Un point fondamental de son métier d’empresa consiste à savoir quelles sont les questions que l’apoderado du torero « figura » va lui poser, ou plus exactement quelles vont être ses exigences. Ainsi, ce ne sera pas « De qui seront les toros ? » mais « Je veux [tel ou tel élevage] » pas plus que
« Quels seront les autres toreros au cartel ? » mais « Je veux … (ou je ne veux pas … ». La question du cachet ne vient qu’après ; de plus, l’expérience permet (vite) de savoir le « prix » de telle ou telle vedette. D’autre part, dans l’organisation d’une feria, il y a des règles à respecter : on commence par bloquer les dates avec les figuras et « leurs » élevages, puis on appelle les ganaderos qui n’ont pas eu la chance d’être retenus. Il faut également savoir que, dans la tauromachie, c’est un peu comme dans le rugby : le ballon rebondit, mais souvent de travers.
Le milieu est bien connu pour être impitoyable. C’est ainsi que, quand on considère l’escalafón, les 5 premiers peuvent être considérés comme très riches et les 5 suivants comme riches ; pour les 5 suivants, ça va, pour les 5 suivants, ça va « à peu près » et … suivent 480 toreros qui littéralement « crèvent de faim ».
Arrive bien sûr dans la conversation le cas du petit-fils de notre ami, Yon Lamothe. Au cours d’un repas de famille, le grand-père a « mis les points sur les « i » », lui disant en substance : tu veux exercer un métier extraordinaire, et avant tout extraordinaire de dureté. Dis-toi bien deux choses : tu t’engages dans un chemin sur lequel, à son extrémité, figure un panneau avec écrit dessus le mot « ECHEC » ; ensuite, dans ton vocabulaire, il te faut rayer le mot « MALCHANCE ». Yon prendra l’alternative le 19 juillet prochain à Mont de Marsan avec des toros de Garcigrande, Andrés Roca Rey étant le parrain et Thomas Dufau le témoin.
Une autre question porte sur le lío qu’il y eut à Vic l’an dernier lors de la corrida de D. Escolar Gil. Tout simplement, un des toros destinés à Octavio Chacón, malgré tous les moyens mis en oeuvre par les hommes des corrales, n’a jamais voulu sortir de son chiquero ; s’ensuivirent de longues palabres entre Alain Lartigue, le torero, son apoderado et andré Cabanne pour finir par faire sortir le sobrero. Reconnaissant avec honnêteté que l’incident a été mal géré vis-à-vis du public, il s’indigne -avec juste raison- du comportement de certains qui ont trouvé spirituel de lancer des bouteilles en piste. Comme il le dit justement, dans un monde formaté et conditionné pour voir des spectacles en quelque sorte « mis en boîte », en tauromachie, il faut être capable d’accepter que parfois, « cela ne soit pas bien ».
Il fallait bien entendu aborder la question des « antis ». La récente décision de la Cour de Cassation mettant fin à la procédure lancée par la SPA contre la ville de Bayonne est une bonne nouvelle en soi ; mais pourquoi ce procès et pourquoi Bayonne ? Alain Lartigue souligne une faiblesse des professionnels dans la défense de notre passion, celle de ne jamais avoir été capable d’expliquer aux opposants à la corrida que le toro de combat ne peut être comparé à aucun autre animal ; d’ailleurs, même avant que les animaux soient interdits dans les cirques, y a-t-on jamais vu un toro ? Un autre problème, de fond, lui : la profusion des possibilités de loisirs et l’évolution de la société font que la base sociale et culturelle qui la sous-tendait s’est tranquillement délitée au fil des années et des décennies …
Pour ne pas terminer sur cette note défaitiste, notre ami nous a gratifié de deux anecdotes. La 1ère est sa réponse à la question « Avez-vous déjà tenu une muleta en piste ? » ; réponse franche : « Peu de fois, devant peu de monde et … pas à jeun ! ». Concernant les exigences des figuras sur la question des toros, dans un restaurant, Roberto Dominguez, alors apoderado d’El Juli, s’est saisi d’un napperon, a écrit dessus trois noms d’élevages et le lui a tendu ; inutile de citer les heureux élus, tout le monde les connaît.

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Comme de coutume au Club, après la remise du cadeau d’usage à notre invité, la conversation a pu se prolonger autour, cette fois, d’un rougail dont fort peu se sont plaints.


Brèves

SAN ISIDRO DU 2 AU 16 JUIN 2019

samedi 1er juin 2019

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Le CTJP chez Malabat à Brocas Les Forges (40)

vendredi 9 octobre 2015

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DIMANCHE 18 OCTOBRE 2015

10 H 00 FERRADE
13 H 00 Repas : Garbure, Jambon à Broche, Haricots Blancs, Salade, Fromage, Tourtière, Café, Vin rouge et Vin rosé compris
15 H 30 CAPEA

Prix de la Journée Adultes : 20 Euros

Réservation avant le lundi 12 octobre 2015 (Places limitées) clubtaurinpau@gmail.com

Nouveaux apoderados pour Juan Bautista

mardi 24 novembre 2009

Juan Bautista vient encore de changer d’apoderado.
La rupture s’est produite exactement comme l’an dernier , au lendemain de la fiesta campera de Riom !
La rupture a beau, comme toujours s’ être passée "amicalement", on souhaite que ce changement ne soit pas un signe d’instabilité et d’incertitude dans la carrière du torero.

C’est Sanchez Mejias qui désormais prend les interêts du torero entre ses mains, associé àCaldas.
Espinosa et Davila Miura n’auront géré qu’un an la carrière de l’arlésien.
Juan Bautista avait dû bien préparer les choses puisque rupture et nouvelle association se sont produites le même jour , en quelques heures.