CIRCUIT B ?
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Comment peut-on parler de circuit B pour l’ Amérique en ce moment où Quito fait des pleins quotidiens -même pour les novilladas-, où Acho réunit le plus beau plateau du monde avec Juli, Ponce, Castella, Cayetano (venu en remplacement de Manzanares), et que les entrées à la Monumental de Mexico se redressent considérablement par rapport aux années précédentes ?
Les Figuras gagneraient moins d’argent en Amérique ? Elles font toutes le déplacement en tout cas, et ceux qui ne peuvent être du voyage le regrettent amèrement. Les plus modestes eux-mêmes font tout pour y aller car c’est bien une véritable Terre Promise ; le Mexique notamment, en plein renouveau. La saison Colombienne ayant à peine débuté, nous verrons l’aficion brûlante qui étreint ce pays. On en a déjà de premiers signes avec des entrées sensationnelles aux novilladas de pré-férias.
En Espagne par contre, nous nous en sommes fait l’écho ces derniers jours, c’est l’effondrement. Le recul dans tous les secteurs et notamment dans celui des novilladas, si importantes pour le futur de la Fiesta. Recul politique aussi avec la prohibition catalane et les nombreuses initiatives dans ce sens, la dernière en date venant d’ Izuqierda Unida à la Coruña. La tauromachie est en morceau dans son berceau : les ganaderias partent à l’abattoir, le chômage touche de nombreux professionnels et les médias boycottent la Fiesta.
Et la France que l’on nous présente comme une sorte de Wahalala taurin ? Outre que son poids est dérisoire sur le marché, sa situation est difficile. Une arène historique, Fréjus, vient d’y être fermée aux toros malgré le courage des aficionados locaux. Des grandes arènes françaises ont perdu beaucoup de spectateurs et d’argent cette année et l’aficion est divisée comme jamais, malgré un unanimisme de façade.
La vérité n’est pas dans les rumeurs de cachets, jamais révélés de toutes façons. La vérité c’est que la corrida n’échappe pas au phénomène de mondialisation. Elle régresse en Europe, c’est un fait. Mais elle consolide ses positions en Amérique Latine, dans des pays émergents, aux forts taux de croissances malgré les injustices sociales, décomplexés malgré l’influence de l’ Église.
Le circuit B d’aujourd’hui pourrait bien être le circuit A de demain, s’il ne l’est déjà.
Pierre Vidal