Un sublime tercio de quite !!!
par

Sans ornement, sans fioriture, la passe de capote fondamentale, la véronique,
le Maestro la immortalisée hier au soir. La pureté du geste, l’harmonie, mains basses et menton collé sur la cravate, jambe en avant, il a ciselé des véroniques d’une pureté inouïe. Magique !
Et que dire des chicuelinas et de la média qui suivirent ! On ne peut pas mettre les mains plus basses, templer davantage, et mander par-dessus tout ça. Public debout, scandant des « olé » applaudissant à tout rompre, moment de pur bonheur qui sauve trente jours de disette (ou presque).
Alors comment en est-on arrivé là ? C’est au premier toro de Luque (le troisième) que l’évènement s’est produit. Daniel Luque fait un quite serré entre les deux piques règlementaires, le toro semble clair des deux côtés, ce qui n’a pas échappé à Morante. Dès que les piqueros quittèrent le ruedo, Morante s’installa au centre et là, dans un silence de cathédrale, il déboucha le flacon !
Luque réplique, un peu plus brouillon mais de grande qualité car en voulant trop templer, il se fait serrer en fin de passe. Ovation de gala aux toreros. Mais ce n’est pas fini ! Grondement du public, étonné sans doute de voir Morante revenir se placer devant le toro et lui offrir deux chicuelinas et une demie d’anthologie ! Public debout encore une fois ! Mais ce n’est toujours pas fini ! Luque se replace au même endroit et réalise exactement les mêmes passes, qui sans avoir le cachet de Morante, ont celui de la valeur d’un jeune Maestro qui n’a pas eu peur de se mesurer au Maître.
Cayetano n’a pu participer au récital et vexé sans doute, réalisa au second toro de Morante (le quatrième) un joli quite ; Il lança son capote devant lui en afarolada et le reprit en arrière pour exécuter trois gaoneras très, très serrées. Morante ne répliqua pas …
Pour le reste de la course, on retiendra l’engagement très volontaire de Daniel Luque au sixième qui hélas s’éteignit en fin de combat. Il lui manque encore cet engagement « naturel » pour se croiser et peser, aujourd’hui, on sent que cela lui coûte et que seuls les grondements du public l’obligent.
Cayetano reste toujours aussi périphérique dans son toréo, alors qu’il eut sans doute le toro le plus noble, le second. Encore manqué !
Morante ne voulut pas trop voir son premier toro , pas facile il est vrai, et le larda d’une épée dans le gilet. Son second, un beau jabonero a fait illusion quelque temps et Morante réussit avec lui quelques belles séries templées, mais sans véritable lien car le toro ne le permettait pas, levant la tête en fin de passe. Il s’engagea avec l’épée, une entière foudroyante et en ressortit la taleguilla déchirée. Grande ovation.
Daniel Luque toucha un toro de grande classe, son premier, (le troisième de la tarde )qui prit deux piques en poussant fort et droit. Il construisit une faena des deux côtés, mais ne parvint jamais « à passer la rampe ». A faire vibrer, par manque de sitio, de profondeur, même si son travail était de valeur, il manquait quelque chose. Un pinchazo, une entière et vuelta pour le Torero. Il donna beaucoup de passes au dernier, mais le toro manquait de transmission et en termina proprement.
Corrida de la Beneficienca – Las Ventas
Toros de Nuñez del Cuvillo bien présentés mais un peu terciados
Morante de la Puebla : sifflets et ovation avec salut
Cayetano : division et silence
Daniel Luque : vuelta et silence
C.H