Dax : la salsa du Juli
par

Dax : samedi 1ère de Toros y Salsa. 6 toros de Victoriano del Rio. Plein.
Enrique Ponce en blanc et or : un avis et une oreille et silence.
El Juli en aubergine et or : salut et une oreille.
Sébastien Castella en caramel et or : un avis et une oreille et silence.
Salut de Tejero au quatrième et de Curro Molina au sixième.
Le "planchot », 3 oreilles, est le pâle reflet d’une après-midi marquée par deux grandes faenas signées Castella et Juli. Le lot, correctement présenté pour ce type de circonstances, n’a pas donné les résultats espérés : maniable certes, mais fade dans l’ensemble et transmettant peu. Le quatrième fit chuter la cavalerie. Les meilleurs : premier et cinquième.
N’en déplaise aux fans de l’intouchable icône, Enrique Ponce a souffert de la comparaison. La jeune garde pousse et 19 ans d’alternative, ca pèse. Face au bon premier, le Valencien exécuta le toreo qu’on lui connaît s’appuyant sur une indéfectible technique mais disons-le se la jouant facile. Il plut, car dans son jardin, Ponce sans forcer son talent (qui peut-être immense !) séduit par son élégance et son habileté. Une épée de côté et trophée unanimement demandé. Au second, plus rétif, il passa sans peine ni gloire.
C’est la grande saison de Sébastien de Castella qui, une fois de plus, aura marqué les esprits lors de son premier passage. Face à un Victoriano sans classe, maniable mais court de charge, le Bitterois s’exposa un maximum et on vit la différence. Se plantant au milieu des cornes, réduisant les distances, Sébastien fit preuve d’une autorité impressionnante, obligeant l’animal à se livrer. Cela faisait froid dans le dos… et le public finit par se rendre acclamant debout les circulaires inversées se succédant face à un toro sur lequel personne n’aurait misé un kopeck. L’épée de côté limita le succès. Face au dernier, une mule, il ne put revenir à ces hauteurs.
Mais le héros du jour, ce fut El Juli qui signa, au cinquième toro, un véritable chef-d’œuvre. Julian enchaîna des suertes compliquées à la cape (gaoneras et calecerinas) montrant une nouvelle fois son aisance dans ce secteur et sa faena, la meilleure sans conteste réalisée dans le sud-ouest cette année, restera un modèle à montrer aux aspirants matadors. Débutant par sept statuaires immobiles, il poursuivit dans un rythme parfait, avec une lenteur et une élégance qu’on ne lui connaissait pas. Du torero dominateur, sur de lui, volontaire on ne soupçonnait ces ressources artistiques : ces trincheras d’affiches, ces changements de main parfaits, ces pechos longs comme une éternité et même ces redondos cités de loin et menés la main basse. Il tua en trois fois, d’une épée basse, et ne coupa qu’une oreille. Sur son visage se lisait la déception que cette conclusion ne soit pas à la hauteur de l’ouvrage. Le public avait vibré aux exploits du maestro et lui fit, à sa sortie, une ovation bien méritée.
Pierre Vidal