Bilbao, 19 août, 5ème des corridas générales
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Faenon de Ponce, oreille pour Manzanares
Qui aurait pu dire après deux picotazos pris sans classe, une débâcle aux banderilles, une corne gauche qui semblait terrifiante que Le Maestro de Chiva allait nous ciseler une faena incroyable d’engagement et de sincérité. Semblant apostrophé par quelques spectateurs, il se métamorphosa. Il se planta devant les cornes, chaquetilla ouverte, fixant l’endroit de l’invective. Main gauche, muleta en avant , planchada, centrée , il réalisa une première série irréelle, suivie d’autres aussi templées et croisées, allongeant la charge du toro . Main droite même chose. Où le Maestro est -il allé chercher ces passes ? C’est énorme, une des plus belles faenas de Ponce sûrement depuis longtemps. Hélas, lui qui tue avec une régularité déconcertante, n’aura peut-être plus la force morale plus que physique pour tuer son toro. Dommage certes, pour les oreilles, mais il reste bonheur d’avoir vécu un moment intense et rare.
A son premier bis (le premier remplacé pour faiblesse), il réalisa un joli quite par delantales suivi d’un lance de capote terminal à l’ancienne, magnifique. Castella profita de l’embestida encore intacte du toro pour un quite de competencia. La faena brindée au public ne tiendra pas la distance, le toro manso, affirmera son attirance aux planches assez rapidement. Un pinchazo, une entière.
José Marie Manzanares aura donc coupé la seule oreille au plus noble toro de l’après-midi, son premier. Il a réalisé une belle faena très affirmée et de valeur devant un toro violent et difficile mais qui embistait tête basse.Une superbe entière bien placée fera tomber l’oreille.
Il semble être un peu passé à côté de son second, qui paraissait avoir lui aussi quelques qualités.
Sebastien Castella hérita du pire lot. Son premier complètement décasté ne lui permettra pas grand chose. Il terminera gazapon aux planches et Sebastien l’expédiera d’un bajonazo de gala. Son second donna quelques signes d’espoir aux piques, mais il devint vite compliqué. Sebastien le cita de longues minutes pour une cambiada, rien n’y fit et c’est peut-être à ce moment là que le maestro comprit la difficulté de la tâche. Quelques séries mandées à droite et mise à mort quelconque
Toros d’el Ventorillo bien présentés dans l’ensemble mais de jeu très inégal
Enrique Ponce : ovation et ovation avec salut
Sébastien Castella : silence et silence
José María Manzanares : oreille et ovation
Christian HAYET