Mont-de-Marsan II
par

Mont-de-Marsan, samedi, 2ème corrida de féria.
6 toros de Victoriano del Rio
Julio Aparicio en bleu nuit et noir : avis partagés et salut.
Sébastien Castella en vanille et or : une oreille et deux oreilles.
José Mari Manzanares écarlate et or : silence et salut après avis.
Salut de José Luis Trujillo au troisième.
Plein ou presque. Couvert.
L’opposition de style est riche en enseignements. Ce fut le cas du trio du jour dont les propositions sont aux antipodes. Des toros de Victorianos, correctement présentés, on mentionnera le premier, le plus complet, et le cinquième noble. Manzanares toucha le moins bon lot (3ème et 6ème).
Artiste précieux, détenteur d’une sorte de concept idéal du toreo, Aparicio est aussi connu pour son côté velléitaire et parcimonieux. Il était hier décidé, Julio. On le vit toute l’après-midi à la cape où, au quatrième, il exécuta de magnifiques enchainements lents et cadencés et terminés par des demi-véroniques de luxe. Ses faenas furent du même tonneau, la seconde surtout, géniales par moments avec des séries courtes, droitières essentiellement, mais toujours de bon goût. Certes le premier tiers de pique fut escamoté et cela fâcha une partie du public, mais cela ne saurait minorer le travail de l’artiste et les sifflets qui ont suivi son excellente première estocade détonnèrent. Sans doute cette tauromachie à l’ancienne, éternelle diront les puristes, n’est plus au goût du jour. Il fut cependant chaleureusement ovationné à sa sortie ; c’est réconfortant.
Le héros du jour, Sébastien Castella, enfin prophète en son pays, parla en patron toute l’après-midi. Il imposa sa loi au rétif second qui maniait l’ostensoir dangereusement. Il lui régla la tête, se mit dans le terrain de l’animal mais tua médiocrement. C’est au suivant que le bitterois donna toute sa mesure. Il débuta par de beaux doblones, genoux en terre, puis poursuivit au centre avec de longues séquences, des deux bords, bien dans le rythme d’un toro au galop plaisant. Il y eut des « changées » qui lui frôlèrent l’épaule et firent rugir le Plumaçon subjugué par tant de courage. Une double circulaire inversée fit encore monter la pression et malgré une épée défectueuse (au second voyage) il hérita de deux oreilles. Le boss, car il l’est désormais, a parlé ; on ne saurait mégoter son (gros) triomphe.
José Mari Manzanares absent face à l’incertain troisième, fit l’effort au sixième, un poil plus collaborateur. On vit la mesure sa technique sa façon de ralentir la charge de l’animal et sa manière de le garder dans les plis de sa muleta. Il eut du mal cependant à chercher la tête de l’opposant qui manquait de transmission. Il tua mal (ce n’est pas son habitude) mais fut invité à saluer.
Pierre Vidal