Après Arzacq, l’éditorial d’André Viard

Terres taurines - éditorial d’André Viard du mardi 10 mars 2009
mardi 17 mars 2009
par  Pierre

Avec un peu de retard, mais après de nombreuses demandes, voici l’édito d’André Viard qui fait (de notre point de vue) fort bien le point sur la prestation discutée (qu’on en parle n’est ce pas l’essentiel ?) des toros de Pierre Marie Meynadier lors du festival d’Arzacq.

Terres taurines - éditorial d’André Viard du mardi 10 mars 2009

"Dimanche, dans le callejon d’Arzacq, entre toro et toro, une discussion passionnée s’est engagée entre plusieurs ganaderos sur le sens qu’il faut donner à la notion de caste et sur l’évolution qu’il faut rechercher si l’on veut, quand on l’élève, doter son toro des qualités exigées par la tauromachie moderne.

Contrairement à l’idée répandue, et ainsi que l’avait fort bien expliqué Pierre-Marie Meynadier la veille dans l’émission "Callejon" sur Bleu Gascogne, on ne construit pas un élevage sur des "qualités" telles que l’innocence, la docilité ou l’imbécilité... du toro s’entend. Car le toreo moderne, avec ses exigences de continuité et de longue durée des faenas, impose au toro un effort qu’on ne lui demanda jamais tout au long de l’histoire.

Au XVIIIème, la caste brute ne se muait que rarement en bravoure, et quand c’était le cas celle-ci n’était en rien comparable à celle que l’on connait aujourd’hui. Au XIXème on vit du mieux, un peu, mais là aussi, la force et la brutalité de charges plus défensives qu’offensives ne faisaient illusion que grâce à la faible opposition présentée par de misérables haridelles jetées au sol par dizaines. Probant ? En aucun cas. Et pour ceux qui en douteraient il suffit de visionner les vieilles images.

C’est à partir de la deuxième décennie du XXème siècle que le mode de sélection a réellement changé, avec l’option prise par le monde ganadero de favoriser l’encaste Vistahermosa plutôt que tout autre, et à l’intérieur de celui-ci la lignée Parladé-Tamaron-Conde de la Corte qui se révélait être la plus brave, et donc celle de plus longue durée, une nécessité pour répondre à l’émergence du toreo moderne qu’inventaient Joselito et Belmonte. Autrement dit et contrairement à ce que l’on pourrait croire, l’émergence du toreo a précédé et suscité la réelle bravoure, laquelle n’est autre que la quintessence de la sauvagerie originelle du toro.

Ces précisions ne sont pas inutiles à apporter à un moment de notre histoire où se posent de nombreuses interrogations et où, plus qu’à n’importe qu’elle autre époque, un fossé semble se creuser entre la grande majorité du public qui se laisse porter par l’évolution naturelle du spectacle, et une minorité qui entend la nier. Ce qui est peine perdue d’avance, non sous l’effet d’une quelconque conspiration, mais tout simplement parce que la société évolue et que prétendre aller à son encontre ne mènerait à rien. Il faut au contraire, et il ne s’agit pas d’un renoncement, comprendre l’essence de ce que nous voyons et influer dans la mesure du possible sur les choix qui se feront afin de contenir l’évolution dans les limites du raisonnable.

Telle est la problématique qui se pose aux ganaderos - les français comme les plus huppés - pour qui une évidence s’impose aussi : l’art du toreo a atteint de tels sommets et est porté de nos jours par toute une génération de toreros si doués que le risque est plus grand chaque jour de voir le toro réduit à l’état de comparse et le spectacle dévalué. Ce qui n’est le souhait de personne, et surtout pas des figuras qui tiennent le haut du pavé, dans la mesure où ils sont les premiers grands bénéficières du marché et où pour le rester il est de leur intérêt de maintenir leurs suivants à distance. Et cette distance, tous le savent et le Juli le premier, c’est la bravoure du toro qui l’impose, pas sa docilité, laquelle bravoure fait le tri entre les toreros capables de s’en rendre maître et les autres.

Pour passer au campo une grande partie de l’année, pour fréquenter assiduement un grand nombre de ganaderias très différentes les unes des autres, pour bénéficier suffisamment de la confiance de ces ganaderos pour qu’ils évitent de me servir le discours convenu réservé à tant d’autres, pour observer lors des tientas quelles sont les qualités recherchées, pour parler, aussi, beaucoup aux toreros qui me racontent leurs expériences, je n’ai aucun doute sur l’objectif final que tous les éleveurs poursuivent à terme et que certains ont déjà atteint : la bravoure sans concession qui se manifeste par une entrega totale sur la plus longue durée.

Et dans ce domaine, au risque de choquer, c’est toujours la lignée Tamron-Conde de la Corte qui a plusieurs longueurs d’avance, et plus spécialement la branche issue de Domecq dans ses différentes versions. La semaine dernière, lors de la classe pratique organisée par le Juli pour les élèves de sa fondation, ce ne sont d’ailleurs pas des erales issus de Domecq qui furent retenus - car jugés trop braves pour les toreros débutants - mais des Murubes de Benavides, bien plus abordables. Où vont les toros de cet élevage, et d’ailleurs de toute cette branche cousine ? En corridas de rejones. Car à pied leur bravoure douce les rend insignifiants.

Une bravoure aussi douce que celle des santa coloma de la grande époque qui perdirent leur place dans les ferias par excès de docilité et dont quelques élevages semblent sur le point de retrouver l’équilibre parfait après avoir connu une dérive en sens inverse consécutive à un surcroît de genio. Le Juli, bien sûr, est sur la piste, car contrairement encore à ce que l’on pourrait penser, en véritable patron, et ainsi que le fit Joselito à son époque, c’est lui qui oriente les choix dans bien des ganaderias.

Pour les aficionados soucieux de bien observer, des quatre toros de Meynadier lidiés à Arzacq, trois correspondaient aux canons de l’esthétique moderne, et un possédait le type des vieux Ybarras à la caste plus rustique dont on trouve encore la trace dans quelques ganaderias : celle du Marquis de Domecq bien sûr, dont Pierre-Marie Meynadier perpétue quelques familles, mais aussi Torrealta (et donc Palha), Martelilla, Bañuelos, Nuñez del Cuvillo, Santiago Domecq... Mais aussi Santafé Marton et donc Camino de Santiago. Ce troisième toro, échu à Fernando Cruz, fut un "tio avec toute sa barbe" comme disaient les anciens. Et si sa bravoure rugueuse mais malléable fut incommode et demandait un gros effort de la part du torero, elle est la base incontournable pour donner naissance au toro de demain".

Découvrez l’actualité taurine sur le site internet d’André Viard www.terrestaurines.com.


Brèves

Joseph Peyré (1898-1968), l’appel de l’ailleurs

lundi 11 avril 2016

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Jeudi 21 avril 2016 à 18h, Médiathèque André Labarrère, auditorium.
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JEAN BAPTISTE : PUERTA GRANDE A MADRID

dimanche 6 juin 2010

Las Ventas, samedi. 6 ème de la Feria del Aniversario. Plus de 3/4.

Toros de El Cortijillo, 2º, de la classe 3º, décasté. 4º, classe et temple. 5º, noble. Uno (1º) de Lozano Hermanos (1º), manso.

Miguel Abellán, silence et vuelta al ruedo.
Juan Bautista, oreille et oreille.
Arturo Macías, silence et silence.

Salut du banderillero Curro Robles au 5ème.

Enorabuena maestro nous n’avons jamais douté de ton talent et le public madrilène une fois encore l’a salué ! L’arlésien ouvre la seule Grande Porte du cycle Madrilène c’est un exploit sensationnel qui le relance fortement.

A.G. DU CLUB JOSEPH PEYRE HIER

samedi 29 mai 2010

Une quarantaine de membres de notre club ont participé à l’assemblée générale du club hier. Quitus a été donné à l’unanimité pour les bilans moraux, financiers et pour le compte rendu d’activité. Le bureau a été élu à l’unanimité : président Gérard ; vice-présidents Karine et Pierre ; trésorier Roger, adjoint Thierry ; secrétaire Christian, adjointe Florence ; chargé du partenariat Jean Henri. Le club est en nette progression, il compte désormais 73 membres. Le compte financier est en équilibre. De nombreux projets sont en route avec notamment une visite chez le Comte de Mayalde en septembre.