LA CORRIDA ET SES SYMBOLES...
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Paul Diel y voit la manifestation de la force brutale, la domination perverse, la férocité et l’endurcissement de l’âme, la férocité. Deuxième signe du Zodiaque le Taureau se situe entre l’équinoxe du printemps et le solstice d’été. Gouverné par Vénus, il symbolise la puissance de travail, l’instinct et particulièrement l’instinct de conservation, la sensualité et un penchant pour la luxure. Mais c’est Jung, un des pères de la psychanalyse, qui détient la clé la plus subtile de la signification du mythe du taureau. Selon lui, il représente le désir d’une vie de l’esprit qui permettrait à l’homme de triompher de ses passions animales et qui, après une cérémonie d’initiation, lui donnerait. Pour faire simple : le taureau symboliserait la bête qui dort en soi et contre laquelle il faut toujours combattre.
C’est ce combat qui est mené par Thésée dans le labyrinthe, le palais crétois du roi Minos où est enfermé un monstre à corps d’homme et à tête de taureau ; le Minotaure, fruit du lien pervers de Pasiphaë. Il lui faut pour satisfaire son appétit 7 jeunes gens et jeunes filles amenées par Athènes en tribut. Thésée est volontaire. Il affronte et tue le monstre. Il retrouve sa route et revient à la lumière grâce au fil d’Ariane. C’est à dire à l’amour dans sa pureté, le soutien dont chacun a besoin dans le combat, même si Thésée tue le Minotaure, car il tue, seul. L’exploit solitaire n’est possible qu’avec le soutien d’une main secourable.
La force –Thésée- alliée à la sagesse –Ariane- qui incarne aussi la beauté, triomphe du monstre, dans ce beau mythe que Paul Diel résume ainsi : « le combat spirituel contre le refoulement ». Le labyrinthe où gît le Minotaure est bien entendu souterrain et il est à mettre en relation avec le fameux mythe de la Caverne exploité par Freud pour désigner l’ Inconscient.
Voilà de manière très simplifiée, l’arrière-plan symbolique de ce qui se joue dans une arène. Ce combat est mené par un guerrier, un héros au sens mythologique du terme. Une sorte de Soumaraï solitaire qui est en charge de tuer le monstre. Il est paré des attributs du soleil dont la lumière et la chaleur ont triomphé des ténèbres et du froid de la mort : le costume dit de lumières toujours orné d’or pour le matador. L’or le plus précieux des métaux, qui évoque la chaleur-la richesse intérieure-la connaissance aussi. Il est la marque de la transmutation, de la recherche alchimique qui voulait transformer le plomb en or.
L’épée est l’outil du matador, littéralement, le tueur. L’épée ou glaive qui fait directement partie du symbolisme maçonnique. Elle menace mais ne tue pas. Elle reste comme l’épée de Damoclès suspendue sur la tête de celui qui trahirait ses frères et/ou n’effecturait pas la tâche qui lui est impartie : c’est à dire tailler sa pierre, s’améliorer et contribuer ainsi à la construction du temple de l’humanité. Dans la Tradition Chrétienne l’épée est un symbole de noblesse intérieur et de loyauté. On met son épée au service d’une cause et on pense aux chansons de Geste à celle de Roland, preux chevalier s’il en est, qui manie avec courage Duarandale, prolongement de son bras.
Lors de la cérémonie d’Alternative c’est à dire lorsqu’un jeune torero devient matador de toro, il se fait adouber par un plus ancien que lui, son parrain en présence d’un témoin. Le parrain cède à l’aspirant los trastos c’est à dire l’épée et la muleta et lui fait un discours dont nul sauf le témoin n’aura la teneur –sans doute des recommandations- avant de céder l’animal qu’il devait céder à l’aspirant. Il s’agit d’un rite de passage qui s’apparente à la Chevalerie.
Mais avant de porter l’estocade qui met fin au combat, la minute de vérité comme on le dit dans le langage imagé de la tauromachie, le matador aura utilisé d’autres outils, les banderilles, et surtout la cape et la muleta plus petite. Avec la cape il réalisera d’entrée des figures, dites suertes, dont la principales est la Véronique car elle évoque le fameux linge dont Sainte Véronique usa pour essuyer le visage du Christ lors de sa montée au Golgotha, le fameux Saint-Suaire. Il utilisera ensuite une pièce de drap plus petite : la muleta qui est toujours rouge. Si on s’en tient à la lecture symbolique le rouge est considéré comme fondement du principe de vie. C’est la couleur du feu et du sang. Il possède l’éclat du soleil, car il s’agit d’un rouge vif que celui de la muleta. Il fascine et aveugle aussi. Au Japon la couleur rouge (Aka) est portée par les femmes et dans la Tradition shintoïste le rouge désigne l’harmonie et l’expansion.
(à suivre...)
P.V.