MERCI « DESGARBADO » !
par
Jamais, depuis ce début de temporada où les aficionados ont été tant montrés du doigt, contestés, attaqués, un tel courrant de sympathie ne s’est développé en notre faveur. Après que la dépêche AFP ait mis le feu dimanche vers 21 heures ce fut l’avalanche. On a parlé de l’indulto de « Desgarbado » sur Europe 1, France Info, France Bleu, France 3 national (un beau sujet de Mariou au 19-20), sur Le Monde, Le Parisien, Sud-Ouest, La République et l’Eclair (en « une » lundi matin), Midi Libre, La Dépêche, la liste n’est pas exhaustive. Même la radio de Suisse Romande y est allée de son couplet. Sans compter les blogs, et les nombreux sites d’actualité, taurins ou non, qui peuplent désormais la « toile ». Notre propre site a battu tous les records d’audience lundi.
Nous avions observé le même phénomène – à une moindre mesure- lors de la grâce d’ Idealista, novillo de Fuente Ymbro combattu par Fernando Cruz à Garlin. Grâce moins contestable, car le novillo était plus complet qui contribua à asseoir la réputation de Fuente Ymbro et fit beaucoup pour celle des garlinois. Le lendemain tout Pau en parlait et les absents se mordaient les doigts. Je parle là du grand public, pas du noyau dur de l’aficion. En définitive c’est lui qui compte, c’est lui qui assure la pérennité de notre passion.
Or, en France comme en Espagne ce fameux grand public pousse de plus en plus aux indultos. Il est difficile, voir impossible, à une présidence de s’opposer à ce désir on l’a vu à Dax. « Desgarbado », dans l’imaginaire collectif, c’est la revanche sur le destin, la victoire sur la mort, la bravoure triomphante. Il y a des commentaires larmoyants sur certains blogs qui remercient par exemple le président de ne « ne pas avoir fait couper les oreilles et la queue à vif » (sic) ; « j’ai eu si peur » (re-sic). Faut-il se moquer ? L’ignorance n’est pas une faute et nous, nous vivons dans un monde (le fameux mundillo) fermé ; ses lois sont connues de nous mais ignorées des autres. Nous l’aimons ce monde, car c’est notre famille même si nos divisions nuisent à son unité. Et comme nous sommes calomniés, bafoués, menacés dans notre identité, notre sentiment d’appartenance se renforce et nous devenons de plus en plus fort dans sa défense et c’est tant mieux.
Mais pour une fois grâce à « Desgarbado » voilà que la dialectique s’inverse. Que l’on nous regarde d’un autre œil. Que l’on nous remercie pour notre compassion. Qu’on nous félicite d’avoir agité le mouchoir blanc. Nous, nous n’avions pas ça en tête ; mais c’est tant mieux : le Victoriano nous a bien rendu le cadeau que nous lui avons fait. Non seulement il peuple nos rêves mais il nous fait aimer des autres…
Merci « Desgarbado »
Pierre