Dax, dimanche : Desgarbado grâcié !
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Dax, dimanche seconde corrida de la féria « Toros y Salsa ».
Plein.
6 toros de Victoriano del Rio
Enrique Ponce en ébène et or : silence et silence.
Morante de La Puebla en pourpre et noir : silence et une oreille
Miguel Angel Perera en bleu nuit et or : silence et deux oreilles et la queue symbolique.
Il y a des sortes de vaches sacrées, des idoles dont on ne saurait s’affranchir sans être taxé d’iconoclaste : dans le sud-ouest Enrique Ponce et Morante ont leur culte, leurs grands prêtres et leurs fidèles. Il était donc passionnant de les voir réunis pour ce dernier grand rendez-vous de la saison.Ce fut en fait, le troisième larron, Miguel Angel Perera qui toucha le jackpot grâce à « Desgarbado » qui fit sa gloire et sauva sa peau. Une grâce qui nourrira les controverses au coin du feu pour les longues soirées d’hiver. « Desgarbado » premier toro gracié depuis plus d’un siècle ce n’est donc pas anodin…
Perera a su capter et révéler la noblesse de cet exemplaire de Victoriano, peu piqué, mais qui au troisième tiers répéta inlassablement des charges vibrantes, allant et venant dans la muleta de l’extremeno sans jamais protester, avec classe. César Rincon lui-même, de sa barrera, demanda la vie sauve et les scrupules des puristes furent balayer dans l’enthousiasme général. Le Victorino repartit aux corrales il finira sa vie dans les prés de Castille. Perera fit monter l’affaire et sans jamais se faire toucher la muleta mit en évidence le moral sensationnel de son adversaire. Cet accouplement unique fit monter Descarbado au paradis et Perera eut son hour de gloire : montée au Splendide en triomphe.
On en oublierait presque les véroniques de soie exécutées par Morante de la Puebla, les naturelles ourlées, les trincherazos de derrière les fagots, les changements de main qui marquèrent le second travail de l’artiste de la Puebla, parfait, dans son style, de bout en bout. Face à un lot compliqué Enrique Ponce sécha, un jour sans cela compte peu pour un homme qui a tenu tant de triomphes dans ces arènes.
Ainsi avec la grâce de Desgarbado et le triomphe de Perera la temporada aquitaine se termine sur une note majeure.
P.V.