DIMANCHE, PAMPELUNE : MIURAS ! MIURAS !
par

Pampelune, dimanche. 9ème de Feria. Lleno de ’no hay billetes’
6 toros de Miura.
El Fundi, silencio après avis et vuelta.
Juan José Padilla, oreille et oreille avec pétition de la seconde.
Rafaelillo, oreille après avis et oreille.
Sortie en triomphe de Padilla et Rafaelillo.
Les trois vaillants du jour eurent à se fader six diables sortis de leurs boîtes, longs comme des TGV et armés de yatagan à faire pâlir le plus courageux des croyants. L’ensemble des Miuras du jour dépassait les 650 kilos sur la bascule et avait, comme le veut la légende, de noires intentions. Le sentido qui animait ces meurtiers les faisait se réserver à chaque cite et ils cherchaient à ajuster leur coups systématiquement. On a d’ailleurs frôlé le drame, les trois toreros étant pris de vilaine manière et El Fundi finissant à l’infirmerie avec une cornada de dix centimètres (honorera-t-il son rendez-vous de Ceret ce lundi et sa confrontation avec Francisco Esplà ? ).
El Fundi, vieux briscard, habitué aux situations extrêmes, conduisit de façon prudente sa permière faena mais, poussé par la concurence, il appuya sur l’accélérateur par la suite, tuant le second d’une grande estocade d’où il sortira percé de dix centimètres dans les fesses.
Juan José Padilla est désormais la nouvelle idole des penas. C’est un des rares toreros à pouvoir stopper leurs batailles de sangria pour s’intéresser à ce qui se passe en piste. Ca n’est pas rien... Populiste parfois -dans ses desplantes par exemple-, le Jerezano eut de bons moments aux banderilles notamment qu’il posa des deux côtés avec efficacité et à l’épée surtout. Il fut l’auteur de deux estocades extraordinaires d’où on se demande comment il a pu sortir entier. De ce point de vue, les deux appendices qu’on lui a accordés sont entièrement justifiés.
Gonflé à bloc, Rafaelillo obtint hier à Pampelune un succès qui devrait "booster" sa jeune carrière. Face aux deux monstres qu’il a du s’appuyer, il n’a jamais molli. Au contraire, toujours lucide, il sut canaliser avec beaucoup de rigueur la violence de ces opposants. Ce furent deux faenas menées sans concessions, avec du rythme, des deux bords, sans jamais céder à la panique que devait inspirer les diables venus de Zahariche. Lui aussi tua parfaitement, s’enageant sans état d’ âme au milieu de ces frontals colossaux. Quel type !
Corrida haletante de bout en bout, la plus spectaculaire du cycle pamplonais ; les "toristas" exultent. Ils ont raison !
Pierre Vidal