Ce soir au « Txotx » :
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Il est, du côté de Saragosse, un milieu taurin qui n’a rien à envier à ceux de Séville ou Madrid. Il possède sa Mecque, la Misercordia, embuée par des nuages de fumée de cigares sous sa couverture de toile ; ses ancêtres comme Nicanor Villalta, l’ami d’Hemingway statufié devant les arènes ; ses sanctuaires comme le Meson du Toro, aux murs embarrassés de têtes de toros ; un public averti et une pléiade de sans grades pittoresques. Ceux là, leurs défaites et leurs victoires, leurs drames et leurs blessures, ils seraient passées à la trappe s’il n’y avait eu la « Cuadrilla » le roman de Ricardo Vasquez Parda pour les faire vivre.
Une fiction qui n’en a que le nom, car l’auteur qui a longtemps tenu la rubrique taurine du Heraldo de Aragon -il en fut aussi l’éditorialiste- est un des meilleurs connaisseurs de l’intimité de la planète des toros. Il a bu à sa source : écoutant les banderilleros, voyageant dans les « coches de cuadrillas », observant les gestes, notant les savoureuses expressions, rapportant les invraisemblables anecdotes.
Ces années d’études sur le terrain font un grand roman. Un des meilleurs du genre. Un récit picaresque qui mêle l’ironie, l’amertume et une farouche volonté de vivre, de triompher. Car c’est le triomphe que cherchent nos trois héros, voleurs de poule auxquels importe peu le prix à payer, fut-il celui du sang.
Pauvres rationalistes que nous sommes, nous n’entrerons jamais dans le monde farceur des « maletillas » qui, balluchons sur l’épaule, vont de capeas en capeas combattre des vaches qui savent « le grec et le latin » pour quelques pesettes -au mieux- ou une volée de cailloux -le plus souvent-, jetées par d’irascibles villageois, car le monde est cruel. L’espoir est leur viatique, le toro leur obsession, l’amitié leur passeport, la trahison l’épisode douloureux de leurs errances, la mort une compagne quotidienne.
Au moins ont-ils vécu ces « trois de la cuadrilla », qui comme Don Quichotte, mais sans Rossinantes, chargent leurs Moulins de la Manche. Ricardo, conte leurs rêves, qui -avouons-le- sont aussi les nôtres, même si nous nous n’y sommes pas risqués.
Rencontre avec l’auteur ce vendredi soir à 20 heures au restaurant le Txotx ; dans le cadre du Club Taurin Joseph Peyré. Entrée libre. Apéritif gratuit. Possibilité de dîner.