Caste(s) et émotion
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Le Club Taurin Joseph Peyré recevait vendredi 12 février Don Antonio Purroy Unanua ,auteur d’un ouvrage que tout aficionado et aficionada se doit d’avoir dans sa bibliothèque : "Comportement du taureau de combat"
Avec une grande vertu pédagogique, et élégance dans les mots, Antonio Purroy retrace l’histoire du taureau de combat à partir des encastes, depuis leurs origines fondatrices. Qui selon les études sont l’encaste Navarra, Morucha (Raso de Portillo), Toros de la Tierra (Colmenar), Jijona (Castille-La Mancha), Vistahermosa, Vazqueña, Cabrera-Gallardo (Miura).
Le taureau de combat existe parce qu’il existe des éleveurs de taureau bravo : celui-ci est donc un animal précieux et qui a un prix. Il est élevé pour sa bravoure et sa noblesse, et quinze à vingt minutes de gloire ou... d’échec. Bravoure et noblesse sont chacune quantifiées par un coefficient : 0,46 pour la bravoure et 0,20 pour la noblesse. Sachant que l’on peut trouver les deux chez un même animal et que c’est la bravoure qui incite ce dernier à attaquer.
L’habitat du taureau de combat est celui de la dehesa, véritable poumon écologique, refuge de nombreuses espèces menacées et parfaitement adaptée à l’élevage extensif du taureau bravo.
Le taureau de combat moderne est issu de la concentration-sélection génétique à partir de la caste Vistahermosa qui était, selon Guerrita et Joselito El Gallo, la mieux à même d’offrir bravoure (au premier tiers) et noblesse (au troisième tiers).
99% des taureaux de combat sont à l’heure actuelle issus de la caste fondatrice Vistahermosa et à l’intérieur de celle-ci 80% sont d’origine Domecq avec toutes ses variantes.
A. Purroy fait le constat qu’il existe deux types de taureaux : le toro « dur », à l’ancienne et le toro « moderne », doux, prévisible qui permet une lidia esthétique. Et s’interroge : y-a-t il une afición du nord où la force l’emporte sur le sentiment et l’afición du sud où le sentiment casse l’âme (influence du climat ?) ?
Comparant les principales villes taurines espagnoles, Pampelune et son encierro où les figuras se doivent d’être, Séville qui aime le taureau bien fait, qui veut voir toréer et Madrid avec son tendido 7 comme liaison entre les deux, A. Purroy se et nous demande où se situe la France ? Plus proche du nord ou du sud ?
En forme de conclusion, Antonio Purroy s’inquiète que le taureau dit moderne, avec peu de caste, de peu de force, très prévisible, ne transmette pas ou peu d’émotion aux gradins. Car quand il n’y a pas d’émotion, il n’y a pas de public. Citant Miguel de Unamuno, A. Purroy conclut qu’en tauromachie « l’art sans émotion n’est pas de l’art ».
La soirée s’est poursuivie par un échange avec la salle alimenté par les interrogations des socios et les réponses précises d’Antonio Purroy, et le traditionnel repas servi avec diligence par l’équipe de choc du Club.